
[Edito] Les crypto-actifs au coeur de la métamorphose de la cybercriminalité
L’édition 2025 du rapport annuel sur la cybercriminalité est paru le 1er juillet, sans surprise, les services du Ministère de l’intérieur y décrivent un environnement dans lequel les crypto-actifs occupent désormais une place centrale dans l’évolution des menaces numériques.
Une cybercriminalité en expansion, structurée et diversifiée autour des crypto-actifs
La cybercriminalité connaît aujourd’hui une véritable industrialisation, marquée par une professionnalisation croissante des acteurs et une spécialisation des tâches. Elle fonctionne selon une logique de marché, où les services sont sous-traités, monétisés et coordonnés. Dans ce cadre, la crypto criminalité s’inscrit pleinement dans cette logique dans laquelle les crypto-actifs ne sont plus uniquement utilisées à des fins de blanchiment (l’on sait au demeurant qu’il ne s’agit pas nécessairement du moyen le plus évident pour cela compte tenu de leur traçabilité), leur champ s’étendant désormais au-delà du seul domaine cyber.
Selon le COMCYBER-MI (le commandement du ministère de l’intérieur dans le cyberespace), si les infractions classiques, comme les arnaques à l’investissement ou les hacks restent les fraudes les plus répandues impliquant des crypto-actifs, ces derniers s’intègrent désormais à un éventail plus large d’activités illicites.
La montée en puissance des attaques ciblées ayant recours aux actifs numériques
Parmi les évolutions majeures, le rapport souligne également l’usage croissant des crypto-actifs dans l’organisation d’attaques ciblées.
En 2024, 348 000 atteintes numériques ont été recensées en France, dont une partie significative est en lien avec les actifs numériques. Toutefois, les attaques ne se limitent plus au cyberespace, la menace s’étend désormais au monde réel.
En effet, des détenteurs de crypto-actifs ont été pris pour cibles par des groupes criminels organisés, recourant à des méthodes violentes comme les menaces physiques ou les enlèvements. D’abord observée à l’étranger, cette évolution préoccupante gagne désormais la France, favorisée par la diffusion en ligne de données personnelles et par des outils numériques permettant d’identifier avec précision les victimes. Les personnes exposées dans l’écosystème crypto, notamment les influenceurs et leurs proches, sont particulièrement visées en raison de leur visibilité et de leur richesse supposée.
Vers une répression accrue mais encore insuffisante de la crypto criminalité
Selon le rapport Chainalysis de 2025 (The 2025 Crypto Crime Report), en 2024, 40,9 milliards de dollars en cryptomonnaies ont été reçus sur des adresses illicites à l’échelle mondiale.
Pour faire face à l’avancée de la cybercriminalité, le Ministère avant que la France a pris des mesures concrètes pour adapter sa réponse sécuritaire avec notamment la formation de plus de 15 000 policiers et gendarmes spécialisés.
Cependant, les praticiens du droit constatent un important déséquilibre et toujours croissant entre les moyens déployés par les services de police et de gendarmerie et le nombre colossal d’infractions en lien avec les crypto-actifs. En effet, les efforts déployés ne permettent de contrer qu’une infime partie des attaques et de ne régler qu’une partie tout aussi congrue des dossiers cyber, signe que les moyens actuels sont encore loin de répondre à l’ampleur du phénomène.